Conseil Druze | Magazine de Doha
Thursday 25 April 2024 - 16 Shawal 1445

L’ENDURANCE

Plotin déclare dans ses Ennéades que tout existant s'unie et s'adhère à son antagoniste, de telle sorte que cet antagoniste est devenu une partie de cet existant, bien une exigence. Sauf Dieu, Puissant et Grand, est unique en lui-même, sans antagoniste, sans opposant, sans semblable.

Plotin continue par dire que l’Ame Humaine s’est unie au corps, s’en opposant ainsi dans les demandes et les intentions. L’intention de l’Ame est d’atteindre des niveaux supérieurs, où se trouvent les grandes lumières divines, où les biens ont des sens universels et abstraits, où les exemples sont parfaits sans défaut antérieur ou postérieur et immortels grâce à leur nature simple, non complexe et indivisible. Par contre l’intention du Corps est de s’attirer aux plaisirs sensuels, composés et  complexes, comme le plaisir de la nourriture, de la boisson, du mariage, du couchage et de la relaxation. Les mœurs monothéistes indiquent l’existence d’un conflit d’antagonistes entre l’Ame et le Corps. L’Ame est alors incapable de quitter le corps puisqu’elle ne peut pas acquérir son intelligence et ses connaissances, ni purifier ses actions que par les membres du corps. Egalement, le Corps est incapable d’exister seul, se dispensant de l’Ame. Par conséquent, l’Ame et le Corps sont corrélatifs, antagonistes. L’Ame essaie de revêtir le Corps de ses éléments lumineux où la chaleur se manifeste par l’obéissance de Dieu et non par la satisfaction des plaisirs corporels, où la froideur se manifeste par la stabilité dans la réalité et la tranquillité de connaissance, et non par la relaxation, la paresse et le repos ; où la siccité se manifeste par la puissance de la lumière de l’Esprit dans l’assimilation de la connaissance et son implantation au fond de l’Ame, et non par la puissance de l’obscurité et la densité du Corps et son attraction à tout ce qui est dense et obscure ; où l’humidité se manifeste par la modestie devant la réalité, et la flexibilité de la reconnaissance, et non par l’humidité des passions et des instincts animaux. 

Pour cette raison, L’ENDURANCE se situe parmi les mœurs les plus importants. A ce propos, Al Imam Ali Ben Abi Taleb a dit : « Soyez patients, L’Endurance fait part de la croyance, tout comme la tête fait part du corps, alors «La corps est nulle sans tête, et la croyance est nulle sans endurance. » Al Imam Ali Ben Abi Taleb a reconnu que l’impatience résulte en la victoire des poussées de l’instinct du corps sur les valeurs et les idéals de l’Ame, donnant lieu à la détérioration de l’état de l’homme vers le niveau animal. Le plaisir convoqué par la puissance de l’Ame à attirer le corps vers des niveaux supérieurs où se trouvent les plaisirs spirituels comme la grandeur de l’âme, la noblesse de cœur, le courage, la générosité, la connaissance et la reconnaissance efface l’amertume causée par la longue endurance et la souffrance dure. Sur l’endurance, le Prophète a dit : « Le croyant qui interagit avec les gens et manifeste de l’endurance eu égard à leur dégât est beaucoup meilleur que croyant qui interagit avec les gens et manifeste de l’impatience eu égard à leur dégât. » Le Prophète reconnait bien que l’homme est un être naturellement sociable. Par la suite, il est incapable de voir son succès ou son échec, sa joie ou sa tristesse, sa force ou sa faiblesse que dans les miroirs de la vraie endurance et non pas par la fuite de la société vers l’isolement, et le repliement sur soi-même.

Dans le Coran, Dieu, Puissant et Grand, a dit : «  Par le temps ! L’homme est certes en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, s’enjoignent mutuellement la vérité, et s’enjoignent mutuellement l’endurance. »

Les mœurs monothéistes indiquent que l’homme, pour protéger et préserver son âme, et réaliser l’objet de son existence, doit toujours réclamer la vérité et œuvrer à l’établir. Cette réalité se manifeste par une bonne éducation sur la terre de tout le monde, une endurance eu égard aux dégâts et désavantages des gens. Le croyant confronte le pessimisme avec l’optimisme, la haine avec l’amour, la lâcheté avec le courage, et l’injustice avec la justice.

Le Coran déclare également ce qui suit : « Très certainement, nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. Et fais la bonne annonce aux endurants, qui disent, quand un malheur les atteint : « Certes nous sommes à Allah, et c’est à Lui que nous retournerons. »

Nous assumons alors que l’homme est éprouvé par les malheurs, tout comme on examine l’or dans la maison : si l’or est pur, il devient plus brillant et plus jaune, autrement il noircit. De même, si le croyant est atteint par un malheur, nous savons bien que ce n’est pas par hasard mais c’est le fruit de mal œuvre, de doutes ou d’absence d’esprit. « Toute personne collecte les fruits de ses récoltes. »

Si nous savons que les antagonistes naissent l’un de l’autre, nous reconnaissons alors que le plaisir nait de la douleur, la joie nait du malheur, et nous reconnaissons également que les endurants jouissent d’une bonne fin.

Le Coran dit : « Mais si vous êtes endurants et pieux… voilà bien la meilleure résolution à prendre. »

Paix sur vous, pour ce que vous avez enduré ! »- Comme est bonne votre demeure finale ! »

Le poète Zahawi a également dit :

 Gardez votre endurance dans tout malheur, car le malheur précède toujours le bonheur.

L’endurance est pareille à l’arbre dont le goût des racines est amer et le goût des fruits est délicieux. Quand on demande à un Cheikh ermite comment pouvait-il dormir sur un paillasson et relaxer ? Il répond : « Celui qui néglige la dureté de son lit dort agréablement. En plus, être privé des plaisirs de la vie sur terre n’est pas un malheur, mais d’être incapable de supporter cette privation est le malheur même. »

L’éducation monothéiste a montré que le bonheur et la gloire se manifeste par la capacité de l’âme sage à attirer le corps et le structurer par ses caractères célestes. Attendu que la joie de l’âme résulte de la reconnaissance d’informations divines et des mérites démonstratifs, de la connaissance de l’existence de l’humanité qui amènent l’âme à mieux connaître les moyens de la théologie, le corps s’est confondu avec l’âme pour se purifier à un tel point que la pureté est devenue un caractère essentiel, et pour s’amincir pour devenir une moule de  lumière simple et fixe, et non pas une moule d’argile composé et dense.

A ce niveau le monothéiste atteint le niveau d’ange puisque son esprit lumineux a été capable de posséder les instincts du corps personnel. A ce moment, l’homme atteint le niveau suprême de son humanité, et se confond complètement avec l’Esprit Global, le chef de cette existence et l’administrateur de ses affaires, et ceci par le support divin qui ne termine jamais.