Conseil Druze | Magazine de Doha
Thursday 18 April 2024 - 9 Shawal 1445

L’abîme de la drogue(2) 

Si les civilisations sont gouvernées par le principe de la marée haute et de la marée basse gouvernant les mers et les océans, le Liban dans les années cinquante, soixante et le milieu des années soixante-dix du siècle dernier était dans une étape de marée haute civilisée et renaissante. Cette situation était sur le point de le rendre un parmi les premiers pays du monde, un refuge jouissant de la plus grande sûreté et sécurité, une motivation pour tous les intellectuels du Monde arabe et un refuge sûr pour les capitaux que l'or noir a transformé en or jaune. Le Liban est donc devenu l'oasis des pensées de la renaissance qui aspirent à la rationalité et à construire une société de suffisance et de justice qui respecte les droits de l'homme et égalise entre l’homme et la femme d’un côté, et l’oasis de l'investissement économique et financier d'un autre côté.

Dans cette atmosphère, la culture du cannabis et de l’opium prospérait au Liban selon les statistiques qui montraient qu'autour de soixante-dix mille acres étaient plantés de ces deux genres, et donc des millions de devises difficiles affluaient. Mais ce qui attirait l'attention à ce temps-là, et selon les statistiques officielles, que le taux des drogués ne dépassait pas les deux pour cent. Comment expliquer le phénomène des gens qui plantent le cannabis et l’opium, et ceux qui le vendent à l'étranger sans le prendre ou sans en devenir dépendants, bien que leur acte offense et fait du mal à autrui, même s’ils évitent eux-mêmes ses dégâts directs, son mal les affectera d’une façon tranchante ? A notre avis ce qui les a aidés à embellir les inconvénients de ce phénomène c’est que la société libanaise à cette époque d'or était unie, cohérente et solidaire ayant une vision civilisée et renaissante qui allume le feu de chevalerie entre ses classes. La famille était une cellule sociale qui a ses valeurs, et ses membres réagissaient réciproquement et positivement les uns avec les autres. Ils agissaient en tant qu’équipe de travail et de vie avec cohésion et solidarité. Les mass média écrits et télévisés étaient gouvernés par une vision du Liban, pays de l’interaction entre les civilisations, les langues, les religions et les capitaux. Tout le monde croyait et luttait pour rendre le Liban une bourse, une banque, une université, une tribune, un hôpital, un hôtel et un traducteur du Monde arabe. A l'ombre de cette réalité renaissante au niveau social, intellectuel et économique, nous avons produit beaucoup de drogues comme marchandise de vente à travers laquelle la devise difficile afflue, sans se rendre compte de ses difficultés, ou des effets de ses eaux stagnantes et ses désastres. 

Aujourd'hui, si nous revenons au rapport américain publié en 2009 sur la lutte contre la drogue, nous découvrirons que le Liban n'est plus un pays producteur de drogue, surtout que le Bureau du Contrôle des Narcotiques a détruit la plupart de ces cultures sataniques avec une énergie qui ne connaît ni la fatigue ni la soumission. Mais le taux de consommation des drogues a augmenté au Liban pour atteindre environ 27%, et aussi les drogues se sont transformées de cannabis en drogues chimiques commercialisées dans les marchés à des prix réduits qui ont permis même aux adolescents d’y avoir accès. Si nous étions logiques nous dirions qu'il y avait des réseaux qui vendent intentionnellement ces produits dans les écoles et les universités, et parmi les classes pauvres pour détruire l'échelle des valeurs de ces classes dont le vrai capital est leur éthique et leur chevalerie, afin que des générations entières naissent n’ayant pas une vision future pour leur vie, ni des buts à atteindre les stimulant pour le meilleur. Elles vivront dans une fosse absurde et nulle, dans un cadre social démantelé qui leur permet de légaliser les prohibitions, de commettre des perversités et de prendre une attitude contre les coutumes, les traditions et les cultures. Peut être c'est une conspiration contre l’Homme au Liban pour qu’il perde sa personnalité civilisée et ses valeurs originales dans une société âgée de milliers d’années. C'est une conspiration pour attaquer le principe de l'affiliation, celle de l'homme à la terre, à la société ou à une civilisation qui a sa propre empreinte en dépit de son ouverture à toutes les civilisations.

Le but derrière la promotion des drogues de bon marché accompagnée de films sexuels pornographiques et pervers, est de tromper les jeunes, et détruire leurs esprits par les illusions corrompues et nuisibles au corps, à l’esprit et à la raison. Les gens qui manquent d’un savoir correct, sain et scientifique seraient pris par des rumeurs, des illusions et des superstitions qui deviennent plus fortes que les réalités prouvées.

Nous posons de nouveau la grande question : Pourquoi le Liban avant la guerre civile était immunisé contre la drogue bien qu’il était un pays producteur de la drogue. Pourquoi le Liban est aujourd'hui un pays ravagé par les drogues bien qu’il n’est plus un pays producteur ? A notre avis la réponse est que le Liban d’hier était gouverné par la philosophie téléologique qui considère que l'Homme est le but de cette existence. Elle le définit comme une existence rationnelle, libre, responsable et sociable par nature qui doit immuniser sa rationalité en assumant la responsabilité qui se concrétise dans la société par une interaction positive et constructive avec les autres.

Aujourd'hui le Liban est gouverné par la philosophie absurde qui rend l'être humain une entité consommatrice (dont le but est le plaisir rapide), noyée dans sa nullité, et dans l'absurdité des superstitions, des illusions et des rituels qui manquent de l'essence de la moindre vérité. Le pire est que ces superstitions se déguisent en pensées religieuses, ne distinguant pas les essences de la religion des cultures religieuses populaires dont la plupart prit naissance à l'époque de la détérioration dont à notre avis nous n’en sommes malheureusement pas sortis.

Finalement, nous disons que le problème de l’addiction à la drogue n’est pas seulement un problème de sécurité comme on le perçoit aujourd’hui au Liban, mais il est considéré comme un problème social, économique et culturel. Sa solution ne doit pas être limitée au bureau de la sécurité, mais il faudrait élaborer un plan global auquel participeraient le ministère de la Culture, le ministère de la Jeunesse et les parents à travers l’initiative, la sensibilisation, la culture scientifique, religieuse, humaine, de santé et de foi. Les écoles, les clubs, les associations et les industries y participeraient aussi. Brièvement, le problème devrait être traité en tant que problème moral et non pas en tant que problème de sécurité. 

Kamal Sarieddine a participé à la préparation du texte 

Libéré le 1 Octobre 2010  

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